Les Choses importantes,
une exposition itinérante de l’artiste français Gilles Guias,
évoquant onze sujets, présentée dans onze lieux culturels en France et à l’étranger.

Que l’importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée !

André Gide, in Les nourritures terrestres

Quelles sont les choses importantes ? Celles que l’on emmènerait sur une île déserte ?
Non pas seulement ces choses-là car les idées, les concepts, les valeurs, qui peuvent être de prime importance, ne se laissent guère saisir ni emporter… Des notions intangibles, molles 1 peuvent être, en effet, plus cruciales que les savoirs et les objets matériels, durs.
À l’approche de la cinquantaine, Gilles Guias, plasticien né en 1965, dans une sorte de point fixe 2 à mi-parcours, se pose cette même question : « quelles sont les choses importantes pour moi ? »
Sa première réponse pourrait être : « mon métier ». Gilles le pratique depuis plus de trente ans, à tel point que, lors de ses premières expositions, son galeriste 3 avait dû mentir sur son âge et le vieillir pour que ses oeuvres paraissent crédibles auprès des collectionneurs potentiels.
Mais Gilles s’intéresse à des choses plus importantes, moins aléatoires, moins personnelles et à caractère plus universel.

Le premier risque de sa démarche serait de sombrer dans un propos généraliste, consensuel, politiquement correct, d’enfoncer des portes ouvertes, de rester à la surface des problèmes, d’adopter une démarche désincarnée et, partant, de peu d’intérêt. S’exprimer sur la transmission, sur la reconnaissance, la loyauté, la nature, l’homme et la femme, l’erreur ou l’argent peut effectivement très vite virer du côté du lieu-commun plus ou moins tautologique. À l’opposé, se pencher sur des petites choses – si chères à Emily Dickinson – , certes importantes pour un individu mais difficilement dissociables de sa personne, expose au risque d’une démarche narcissique, nombrilistique.

Gilles Guias a choisi une voie médiane. Il a décidé de traiter de sujets à portée universelle qui l’interpellent, mais les aborde de son point de vue personnel, probablement réducteur, mais indéniablement porteur de ce sang de la vie qui fait tant défaut aux banalités éculées, vides de sens, insignifiantes de certains penseurs ou moralisateurs en chambre. En cela, sa démarche se situe à l’opposé de celle du poète lyrique qui, partant de sentiments et d’expériences personnels, leur donne une dimension universelle. Gilles personnalise l’universel, pour lui donner un sens par une expression enracinée et nourrie dans le terreau de sa propre expérience de la vie, sans pour autant s’enliser dans l’anecdotique, l’introspection égotiste et stérile.
L’artiste s’en explique en des termes on ne peut plus clairs : « L’idée centrale est de montrer frontalement et sans détour une position personnelle sur onze sujets humains, et de proposer ainsi une réflexion à celui qui regarde. » Les onze sujets ont été choisis en fonction de leur importance – probablement subjective – aux yeux de l’artiste. Ce choix n’est pas anodin, Gilles Guias affirme haut et fort qu’une oeuvre plastique n’est pas simplement le champ d’une harmonie formelle pouvant déclencher une émotion.
Pour lui, c’est avant tout, un moyen de raconter, de dénoncer, de transporter ou d’ouvrir une réflexion, un échange. Tous les thèmes retenus touchent à l’humain, dans ses rapports au monde, à la nature, aux autres et à lui-même. Ce sont des questions vitales pour notre époque, qu’il aborde avec la simplicité et le dépouillement du quotidien, avec juste ce qu’il faut de poésie, de naïveté, de dérision, de gravité, d’humour ou de cruauté… en fonction des sujets traités. /…

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