Thème du texte : L’amour

L’Amour

 

Un homme se tient droit debout. Debout face à toi, sans être raide ni tendu, il t’invite. Viens. Un sentiment de protection et de détente émane de sa posture juste et solide. Tu peux aller à lui. Tu peux même t’y appuyer. En fait, tu ne peux pas, tu dois. Il est torse nu. Sa gorge est là, touche ; ses poumons, touche ; son cœur, touche. Là, là et là. Sous sa peau lisse et diaphane à portée de griffes, de dents et de balles. Il est ouvert. Il ne te cachera rien, il ne peut pas il est tout en transparence. Vérité. Fidélité. Une serviette sombre couvre le reste de son corps en signe de réserve et de pudeur. Et de mystère aussi. Juste ce qu’il faut, il a trouvé la mesure. La serviette lui tombe du bas du ventre jusqu’aux pieds. On ne les voit pas, ils sortent du cadre et pourtant, on les devine bien à plat, ancrés au sol, aussi graciles que les doigts de ses mains. Il a les yeux fermés. A quoi rêve-t-il s’il ne dort pas ? Qu’imagine-t-il ? Il n’a pas l’air perdu dans ses pensées. Au contraire, il est à l’écoute. Concentré. Ses larges paupières baissées sur le monde sont signe d’intuition, de sensibilité, d’intelligence, de confiance et de connaissance. Connaissance de soi et de Toi. Expression, communication. Un rayon doré lui chatouille en silence une partie du visage. Cette tache de lumière est légère et rafraichissante. Elle dénote une réserve d’humour. Ce qu’on prend chez lui pour une forme de détachement n’est qu’un reflet de son calme intérieur. Il sourit. Il est en paix avec lui-même. C’est la voie qu’il a choisie pour que son rapport à Toi soit serein et bienveillant. Il peut alors te comprendre. Et t’aimer malgré toi. Il est chauve aussi. Pour ressembler au moine dont l’ovale parfait du crâne, ou de la conscience, se détache du fond. Les fonds, quels qu’ils soient, gris, ténébreux ou sans fin, n’ont pas d’emprise sur lui. Il n’y a pas assez de temps. Seules les choses importantes valent la peine. Une pureté d’éclat dans sa tête lui montre le chemin. Il est clair. Et bleu. C’est donc la couleur des eaux, du ciel et de l’infini que Gilles a choisie pour dépeindre l’Amour. La teinte des profondeurs : celles de l’âme et de la connaissance, celles des expériences de la vie et de la sagesse. Dans ce sens, n’est-ce pas une vision loyale, apaisée, tendre et créative que Gilles propose sur le thème de l’Amour ?

Diane Mazloum