Thème du texte : Tout vient de la nature
La nature
L’homme étreint un arbre. De ses bras, il l’embrasse comme un compagnon que l’on retrouve ou que l’on quitte. Front contre tronc, peau contre écorce, voici l’humain et le végétal unis dans un instant de communion fraternelle où la sève et le sang circulent à l’unisson.
Autour, le monde s’est effacé dans un aplat de couleurs pour laisser place au dialogue silencieux de ces deux frères du vivant. À celui qui sait l’écouter, l’arbre raconte sa légende : le règne d’un géant qui s’élève à son rythme, dans une temporalité que l’humain ne fait qu’effleurer.
Et s’ils n’appartiennent pas au même règne, tous deux sont issus d’une mère nature qui, au gré de ses caprices, donne, reprend et agence ses atomes pour produire un végétal, un minéral ou un animal.
L’homme connaît cette histoire, et son geste est un hommage à cet aîné dont il reconnaît la place centrale dans sa propre existence. Car, sans le bois de l’arbre, point de feu, point d’objet, ni de matériau pour le sculpteur.
Lorsque l’arbre ne sera plus, l’échange perdurera. L’homme ira lire dans les veines du bois, dans la fibre, quelle forme, quel être, quel animal, appelle à être révélé. Et c’est encore le secret dessein de la nature qui animera la main du sculpteur.
Frédérique Oudin